Fatima Ezzahra Abkari
Membre d'Amnesty International Maroc
Journaliste
Mon mécontentement et ma déception face à l’interdiction odieuse
des autorités marocaines du camp de jeunesse d’Amnesty International, me pousse
à faire de mon papier mon seul refuge, dans un pays où la liberté d’expression et d’association agonisent…
Revenons trois jours en arrière, nous sommes le 1er septembre 2014.
Les événements se passent au Maroc. Cette année, les membres d’Amnesty International
venant d’Afrique du Nord, du Moyen Orient et d’Europe devront débattre
«des moyens d’enrayer la torture et les mauvais traitements, thématique
ainsi que les restrictions sur la liberté d’expression et la capacité des
défenseurs des droits humains à entreprendre leurs activités pacifiques et légitimes»,
un thème faisant parti de la campagne globale d’Amnesty International.
Ce matin là, organisateurs et jeunes se dirigent avec enthousiasme et une volonté dure comme
fer vers le complexe Moulay Rachid de la
Jeunesse et de l’enfance à Bouznika.
Tout se brise au moment où les organisateurs apprennent via une dépêche de
l’agence officielle Maghreb Arab Press (MAP) que le camp a été interdit aux
motifs « que l’organisation n’aurait pas entrepris les démarches
nécessaires » . L’accusation ne tient pas la route, puisque l’ONG a procédé à toutes les démarches auprès des
autorités locales afin d’assurer le bon déroulement de la rencontre entre
jeunes.
Alors pourquoi interdire un rendez vous annuel qui se tient depuis
1998? Pourquoi prendre une telle décision contraire à la constitution qui
garantit la liberté de réunion (article 29) ? Est ce à cause de
l’activisme et la mobilisation de la section marocaine contre la torture? Une panoplie de questions me taraude l’esprit!
A ce stade, je reste sans
mots face à cette répression. Je pleure mon Maroc qui au lieu d’encourager
l’éducation aux droits de l’homme châtie la liberté de réunion, refoule l’échange,
le partage d’expérience et bloque un pas vers la liberté d’association.
Sommes-nous prêts à oublier cette réalité amère qui confirme le non
respect des droits fondamentaux dans un état dit de droit? Les jeunes participants
d’Amnesty International ne lâcheront pas prise, armés de bonne foie et d’activisme, ils lancent le « camp de
jeunesse virtuel ouvert » pour continuer leur lutte contre les violations des
droits humains. Sans oublier les quatre millions d’activistes d’Amnesty
International qui se mobiliseront dans le monde entier contre cette décision
inattendue.
Une
question s’impose, quid de la prochaine manifestation internationale contre la torture? Sera –t-elle
interdite?